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Localisation et contexte du Liban

Le Liban est le pays du monde accueillant la plus forte proportion de réfugiés syriens par rapport à sa population totale. Situé entre la Syrie et la mer Méditerranée, le Liban partage 376 km de frontière avec l’État syrien. En 2016, il accueillait plus d’un million de réfugiés syriens pour une population totale de six millions. Trois ans après le début du conflit, le Liban était déjà le pays du monde hébergeant la plus forte densité de réfugiés par habitant et la crise n’a fait que s’accélérer. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR ou HCR dans l'espace francophone) dénombrait, en avril 2012, 18 000 réfugiés syriens au Liban ; en avril 2013, ils étaient 356 000 et en avril 2014, un million (UNHCR, 2014 ; Commission européenne, 2017).

L’impact de cet afflux pour le pays est très conséquent. Sur le plan économique, le commerce, le tourisme et les investissements sont en déclin alors que le pays voit ses dépenses publiques augmenter. L’arrivée d’une nouvelle main d’œuvre dans le besoin a provoqué la chute des salaires et la précarisation de nombreuses familles syriennes comme libanaises (UNHCR, 2014). Cette situation dramatique provoque des tensions dans la société et ravive le souvenir de l’accueil massif des Palestiniens au Liban, en 1948 et 1967, encore souvent considéré par les Libanais comme responsable de la guerre civile de 1975 (Geisser, 2013).

En effet, le Liban a déjà connu un épisode massif de migration lors du conflit opposant l’armée israélienne aux combattants palestiniens et arabes. Plusieurs vagues migratoires ont fait s’installer des centaines de milliers de Palestiniens au Liban (entre 280 000 et 288 000 en 1975). Cet exil, d’abord considéré comme temporaire par les autorités libanaises, a engendré la création de camp de réfugiés et la mise en place de systèmes d’accueil et d’aides provisoires. Cependant, la situation a perduré, beaucoup de Palestiniens ne sont jamais repartis du Liban et les camps de réfugiés se sont de facto intégrés à l’aménagement des villes libanaises. Cette intégration massive et rapide a énormément pesé sur l’économie du pays, exacerbant les tensions internes et l’instabilité politique qui aboutit à une guerre civile (ponctuée d’interventions étrangères) qui s’est déroulée de 1975 à 1990 et a fait entre 130 000 et 250 000 victimes civiles (Doraï, 2006). De ce fait, la question des réfugiés au Liban renvoie à une histoire douloureuse et traumatique autant pour le citoyen lambda que pour le responsable politique. La société libanaise oscille donc entre compassion et accueil des Syriens ou xénophobie et répression.

Cependant, l’histoire et les relations entre le Liban et la Syrie sont étroites et anciennes. Le lien entre les populations des deux pays va persister malgré la création officielle des deux états ; la Syrie en 1941 et le Liban deux ans plus tard ainsi que des nombreux conflits qui vont ébranler le Proche-Orient à partir de 1948 (Loveless J, 2013). De plus, la guerre civile libanaise va provoquer un exode (permanent ou temporaire) d’une partie de la population libanaise vers la Syrie. Ceci explique qu’au début du conflit en 2011 le Liban ne cherche pas à retenir le flot de réfugiés syriens arrivant sur son territoire. En plus de la difficulté à contrôler l’ensemble des frontières libano-syriennes, l’existence d’un lien historique fort unissant les deux pays et de la solidarité dont a fait preuve la Syrie envers les Libanais, lors de la précédente guerre civile, conduit le Liban à autoriser l’installation des Syriens au sein de la communauté libanaise, les camps de réfugiés ayant mauvaise réputation suite à l’exode palestinien (Salah L. & Montesinos S., 2017).

 

 

 

 

Distribution de la population de réfugiés au Liban en 2016.
Source :  UNHCR. 2016, Regional Refugee & Resilience Plan 2016 - 2017 In Response of the Syria Crisis

Mis en ligne le 30 août 2017.

Par Adèle Boucher.

Ci-joint la version intégrale pdf.

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